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midi libre, vendredi 19 septembre 2014

Si on cherchait un exemple de modestie, Alain Senez mériterait une mention particulière : peintre de métier, c'est est un homme paisible, présent dans les moments de vie de Saint André, discret, ouvert à l'échange, et le quidam qui le croise ignore que sa main, son œil, sa sensibilité artistique ont permis à ce bourreau de travail d'atteindre les sommets de la hiérarchie fermée de la peinture moderne. Né en 1948, Monsieur Senez, depuis son plus jeune âge, vit la peinture, avec ses devo irs, ses plaisirs, sans jamais déroger à l'exigence, alliant une technicité hors pair, faite d'un lent et constant apprentissage du pinceau, et la recherche d'un langage devant les lumières du monde. Il a appris auprès des plus grands, dont les maîtres fla mands, il a côtoyé la sculpture, l'architecture, la perspective...les a enseignés même.

Il a vécu l'art pictural dans toutes ses facettes, reconnu des plus grands, il atteint les consécrations internationales. Peut être un peu lassé de expressionnism e abstrait où il excellait, il choisit le figuratif, remettant en cause des dizaines d'années de recherches. Il rebondit dans ce domaine. Il est aujourd'hui connu et classé par les collectionneurs avertis. Il a atteint une ultime vision de l'art, qu'il résume ainsi : » Savoir assembler les formes relève du métier. C'est un préalable ! Savoir pourquoi on le fait relève de la conscience «, « Pour atteindre à l'universalité et à l'intemporalité, il est nécessaire de se dégager de la proximité aveugla nte du présent ». L'autre présent, Alain Senez le vit ici ! Lui qu'on a vu en Belgique, en Allemagne, au Pays Bas, en Pologne, ... lui dont les œuvres partent à Moscou, Londres, Anvers, lui qui expose aux Etats unis, en Italie, a choisi un petit vi llage niché au creux de la Cèze, dans une « atmosphère paisible qui calme mon action ».!

Curieux contraste, car ceux qui ont eu le privilège de s'arrêter devant ce « Vaisseau fantôme », toile dédiée à Wagner, ne peuvent que s'incliner devant la forc e, la densité, l'énergie que peut receler cette main d'artiste. ..On l'a dit ouvert, accueillant, mais ne le cherchez pas ces prochains jours... Il s'est remis au travail, il peint, et n'existe plus que par ses pinceaux, pour son art... Mai s promenez vous au long du Vallat, au départ du ruisseau, ... une pente de verdure dégagée, au centre, une source qui se déverse dans un vieux bassin de pierre, presque un tableau... La aussi, c'est Alain !

Midi Libre, vendredi 19 septembre 2014